Vivre et être

Aujourd’hui, j’avais rendez-vous avec le docteur K. celui qui va me suivre tout au long de mon parcours contre le crabe Hodgkin. Il est vraiment cool, mon doc, je le connais à peine mais on rigole déjà. Je pense qu’on va être poto et ça c’est chouette. J’ai posé les mille questions que j’avais en tête depuis le rendez-vous du 12 mars où j’ai appris la nouvelle. J’ai même demandé à voir les images de mon PET scan pour me faire une idée de l’étendue du crabe. Je pense que j’avais besoin de voir, visuellement, à quoi ressemble ce crabe qui me bouffe de l’intérieur depuis quelques années.

Oui, j’ai appris que je devais le porter en moi déjà depuis un an ou deux. Ça explique énormément de choses : mes fatigues chroniques, mes pertes d’appétit à répétition, les moments de déprime passagère,…

Ça me soulage vachement tout ça et éclaire certaines zones floues de mon passé.

Ouf, je suis légitime d’avoir été fatiguée.

Ouf, je suis légitime d’avoir manqué d’appétit.

Ouf, je suis légitime d’avoir été parfois un peu déprimée.

Je me suis toujours trouvé des excuses pour ne pas m’inquiéter de mon état. Si je n’avais pas faim, c’est parce que j’étais fatiguée et si j’étais fatiguée, c’est parce que je n’avais pas faim.

Maintenant, je sais que ce n’était pas ça, j’étais simplement en train de tomber malade et le crabe était en train de grignoter petit à petit mon énergie vitale.

Je peux enfin respirer, lâcher la pression et m’autoriser à être vraiment malade.

Prendre du temps pour moi, m’écouter, me foutre moins de pression dans mes projets en tous genre, vivre et être.

Voilà, c’est ça : je veux juste vivre et être pendant les prochains mois.

Rien de plus, rien de moins.