L’épisode « coiffeur »

Hier, j’ai fait ma vie un peu comme si de rien n’était. Je suis allée me promener dans la rue habituelle ou j’aime aller faire du shopping de seconde main. Je voulais trouver quelques jolis foulards à nouer autour de ma tête quand le temps sera venu. J’ai trouvé un joli foulard doux (oui, c’est important) à petits pois (si vous ne le savez pas encore, vous le savez maintenant, j’adore les motifs à pois).

Je me suis installée en terrasse au soleil avec une citronnade en attendant une amie.

Bref, j’ai savouré ces petits instants d’insouciance.

En réalité, je ne pouvais pas m’arrêter de penser à ce qui m’attendra dans les prochains mois/semaines/jours. Et je ne réalise pas. Je n’arrive pas à réaliser ce qui m’arrive. Je n’ai encore aucune idée réelle de ce que va être mon quotidien pour ces prochains mois. Je me pose mille questions mais il faut que je me calme car une – chose – à – la – fois.

J’ai d’ailleurs échangé quelques mails avec la jolie Laura du blog Les lubies de Laura (elle a aussi eu un cancer). Et elle m’a donné des précieux conseils et mots réconfortants (merci merci merci). Ces échanges virtuels sont tellement précieux ❤

Depuis que je sais que j’ai un cancer, je sais que je vais perdre mes cheveux avec le traitement que je vais avoir, c’est inévitable. J’ai suivit les conseils de Laura (et de l’infirmière rencontrée plus tôt à l’hôpital) ; il vaut mieux se couper les cheveux avant de vraiment commencer à les perdre. Je suis du même avis, la décision avait été prise déjà dans ma petite tête de linotte : je les coupe d’office avant la chimio. Aussi, j’ai l’impression d’entamer le processus de guérison. Ou du moins, le processus de transition.

Bref, après avoir vu mon amie, je me suis dit que j’allais tenter de voir si mon coiffeur habituel avait de la place pour moi en mode total improviste. Et bingo, justement il y avait une place pour moi !

« C’est pour quoi ? »

« Une coupe très courte »

« Ah super, on change de tête ? »

« Euuuuh… »

Cette situation pourrait paraître un peu dramatique, c’est pas spécialement de gaieté de cœur que j’allais me faire couper les tiffs ce jour là. Finalement, j’ai opté pour l’honnêteté et je lui ai dit la raison pour laquelle j’avais besoin d’une coupe courte. Là, il a changé de tête et de ton et il a été super compréhensif et attentif. En effet, j’imagine que ça n’arrive pas tous les jours une demande pareille (quoique, je ne sais pas).

Bref, j’ai eu droit à un massage crânien pendant le shampoing. Et puis il m’a gardé une mèche de cheveux pour avoir une idée de ma couleur naturelle le jour où je chercherais une perruque (hum non merci je pense que je vais opter pour les foulards colorés ou les franges des Franjynes).

Pendant la coupe, je sentais qu’il voulait s’amuser, il a essayé de me faire accepter un truc trop foufou à mon goût : un côté court un côté long déstructuré. Ok mec, c’est ton délire mais c’est pas le mien, ok ? Je suis contente d’avoir été ferme. Déjà que j’avais laissé poussé mes cheveux et un peu badé lors des dernières repousses, alors revoir ma tronche avec les cheveux courts, c’était pas spécialement un plaisir. Donc si je dois commencer une chimio et que j’aime déjà pas ma tête dans le miroir alors que pour le moment j’ai encore tous mes cheveux, NO WAY.

Finalement il a été sympa et il a fait plus ou moins ce que je voulais. Au final, je pense que j’aime assez bien le court. Peut-être même que quand tout ce bazar sera fini, j’aurai même plus envie de long ?