Ce soir, je scrolle dans la galerie photo de mon ipod et je m’arrête avec un pincement au cœur sur ces photos de moi, crâne chauve et teint blafard. Je ne reconnais presque pas cette personne sur mon écran – et pourtant, j’ai été cette fille. Je repasse le fil de cette étrange période qui me semble déjà si lointaine mais qui me colle encore tellement à la peau. Ça m’émeut un peu de revoir tout ça, j’ai l’impression qu’il s’agit de la vie de quelqu’un d’autre, et pourtant c’est bien de moi dont il s’agit.
J’ai un peu l’impression de rentrer d’un très long voyage dans un pays lointain qui m’aurait profondément changée. Sauf qu’en fait, j’ai pas voyagé. Mais j’ai changé. Beaucoup. Beaucoup. Beaucoup. Au point de ne plus me reconnaître sur des photos qui datent d’il y a deux mois.
L’autre jour, je suis retournée à l’hôpital. Ça faisait quelques semaines que je n’y avais plus mis les pieds. J’ai été frappée par un sentiment étrange d’appartenance à ce lieu. Malgré tout, j’ai eu une profonde envie de le fuir le plus rapidement possible et pour toujours.
Tout ça fait partie du passé – même si je suis vouée à y retourner encore de temps en temps malheureusement.
J’ai pas réalisé à quel point ce lieu a fait partie de mon quotidien pendant ces longs mois de traitement. Et que ça me ferait vraiment quelque chose d’y retourner. Au même titre que de retrouver des photos de moi durant la maladie. Est-ce vraiment moi qui ait vécu tout ça ? Le cancer a déjà disparu ? Finalement tout a été très vite – et si lentement en même temps.
Le cancer m’a volé une année de ma vie. Mais il m’a permis de me retrouver.
Les seules photos sur lesquelles je me reconnais sont celles de cette fille à la coupe ultra courte qui reconstruit sa vie petit à petit.
Oui, cette fille là, c’est bien moi.
aliceonherway 