Je ne suis déjà plus la même

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Ça c’est moi quand je serai guérie sur un vrai radeau (Photo : Robert Doisneau)

C’est étrange, quand je repasse les différents articles de ce blog et que je vois les photos postées, je ne me reconnais plus sur certaines d’entre elles. J’ai l’impression que mon visage a changé. Peut-être qu’il s’affirme plus, moins « enfant », plus adulte…

Cette transformation physique qui ne me faisait pas si peur (perdre mes cheveux n’a pas été un si grand choc pour moi) est quand même en train de me faire un peu flipper. La personne que je vois dans la glace aujourd’hui ressemble de plus en plus à quelqu’un de malade. Autant avant j’arrivais à « masquer » le cancer avec foulards et autres turbans, maintenant je commence à perdre mes cils et la fatigue accumulée due aux chimios me creuse des cernes immenses. J’ai aussi énormément maigri depuis mon passage en soins intensifs.

Ça me fait un peu flipper pour être honnête.

Je pensais que mon corps allait se faire à la chimio et qu’une certaine « routine » allait s’installer, que je pourrais organiser un peu ma vie comme je l’entends en fonction de jours où je sais que je suis « out » ou « en forme ». Et je me rends compte que c’est faux. Il faut tout le temps que je me réadapte. Ne rien organiser à l’avance, car rien n’est jamais certain. Après tout, c’est ça la vie, c’est s’adapter et ne rien prendre pour acquis…

J’ai toujours cette image de moi, accrochée à un petit radeau sur une mer parfois agitée, parfois plus calme. Et quoiqu’il arrive, il ne faut pas lâcher, mais il ne faut pas trop s’y agripper non plus. Difficile de trouver le juste équilibre.

Mes membres ont fondu à vue d’œil, j’ai des jambes comme des cure-dents. Et dire que j’ai marché 900 km sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle il y a deux ans et que j’étais revenue avec des jambes en fer. Elles sont bien loin, mes gambettes de sportive.

Avec cette 5ème chimio dans les veines, je suis vraiment K.O. D’autant que je suis blindée d’antibiotiques. Car j’ai appris que la pneumonie de la semaine dernière s’avère être un mélange entre une pneumonie médicamenteuse et une pneumonie infectieuse (youpie). Je suis shootée de ces crasses chimiques, ce goût dans ma bouche me répugne. J’ai même dû mal à avaler les pilules (2 par repas) tellement elles sont grosses et tellement elles me dégoûtent. Je ne supporte plus d’administrer de la chimie à mon petit corps en souffrance.

J’aimerais tellement qu’il soit en meilleure santé.

Un peu de patience et tout ceci sera derrière moi. Mais là je suis dans le creux de la vague et c’est difficile à accepter.

Il y aura définitivement un avant et un après cette maladie, aussi bien physiquement que mentalement.

8 réflexions sur “Je ne suis déjà plus la même

      1. J’ai hésité à commenter parce que j’avais peur de dire des choses maladroites, mais je me suis abonnée récemment à ton blog, et je vais le suivre avec régularité 🙂 à bientôt par là, et je souhaite de tout coeur que ça aille mieux rapidement !

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  1. Tout comme la Nébuleuse … Je te lis dans l’ombre depuis quelques semaines, et je n’ose pas venir te parler, de peur de dire des choses maladroites ou stupides. Mais finalement, c’est pas non plus terrible comme attitude, le silence !

    Alors, pour commencer, je t’envoie mes plus franches pensées de soutien, mes plus belles « ondes positives » !

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  2. Bonjour Alice, comme pour les deux commentaires précédents, je te lis depuis quelques jours (suite à l’article paru dans Flair). C’est évidemment très difficile de trouver les mots justes pour s’adresser à quelqu’un de malade, surtout quand on est à mille lieux de s’imaginer cette réalité. Toutefois, je souhaite te dire que je t’admire, j’ai ton âge mais n’ose pas imaginer quel boulversement ça doit être d’être confronté à la maladie. Mais toi, tu as l’âme d’une battante, ça se ressent dans tes écrits. Alors je pense que c’est normal d’avoir des périodes plus difficiles que d’autres, mais même si tu es dans le creux de la vague, sache que tu es un modèle de courage pour, j’en suis certaine, des dizaines de lecteurs! J’ai envie de te dire « accroche-toi » car tu es une personne qui mérite une belle vie. J’espère qu’après cette épreuve, tu te connaîtras mieux et tu seras plus en paix avec toi même. Je t’envoie plein de bonnes ondes en direct du Canada 🇨🇦 Prends soin de toi! Florence

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  3. En tout cas, moi, je reconnais la combattante!
    Et puis, mine de rien, tu es en train de te faire plein d’amies.
    Je ne parle pas des infirmières, mais des femmes qui lisent ton blog.

    Bises andalouses DONC curatives

    Tonton Zidrou

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